Aujourd’hui, tu vas pouvoir découvrir le parcours, le quotidien et les conseils de Ahlem, la fondatrice de bHype ! Ahlem a un parcours passionnant puisqu’elle a quitté Google (oui, rien que ça) pour se lancer à son compte et devenir freelance en communication digitale.
Dans cette interview passionnante, elle fait le bilan de ces 6 années chez Google, mais elle nous parle, bien sûr, de son entrepreneuriat ! Au menu : son quotidien, ses tarifs, l’entrepreneuriat féminin et pleins de conseils ultra concrets pour mieux gérer sa vie d’entrepreneur. Obligé que son énergie te rebooste pour la journée !
Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?
Je suis consultante indépendante depuis 3 ans, mon principal métier est d’accompagner mes clients dans la mise en oeuvre de leur plan de communication digitale. Je me spécialise dans le webmarketing pour les nouveaux entrants sur leurs marchés respectifs. J’accompagne donc principalement des startups, ainsi que des nouvelles marques éthiques.
Avant ça, j’ai passé 6 ans chez Google au sein de l’équipe des partenariats stratégiques pour les solutions de monétisation de contenus. J’ai d’abord été Responsable grands comptes, puis j’ai évolué vers un poste de Responsable Commerciale, où j’encadrais une équipe de 6 personnes sur la France et la Turquie.
Mon parcours scolaire a été un peu atypique : Bac S, puis BTS Commerce International avec un stage en Inde. Ensuite, j’ai intégré une première école de commerce (Euridis) pour effectuer un master 1 d’Ingénierie d’Affaires en Haute technologie, puis une seconde école (ESCD 3A) pour un master 2 en Relations Internationales, avec un stage en start-up à Londres.
Comment tu t’es retrouvée chez Google ?
C’est une histoire assez improbable pour être totalement transparente ! Alors que je préparais ma recherche d’emploi suite à mon M2, je mettais à jour mon parcours professionnel sur LinkedIn pour lui donner une cohérence. Une personne du service RH m’a ensuite contactée pour un entretien téléphonique car mon profil lui paraissait intéressant pour intégrer Google.
Ma première réaction a été « c’est une blague, pourquoi Google s’intéresserait à moi ? «
J’ai laissé le message dans ma boîte de réception pendant plus de 15 jours… jusqu’au jour où j’ai répondu. S’en sont suivis 7 entretiens, 3 par téléphone avec différentes personnes au sein des RH afin de trouver un poste correspondant à mon profil, et 4 sur place avec mes futurs collègues.
Je pense que mon succès a été dû en grande partie au fait que j’avais déjà un profil international, mon appétence pour les nouvelles technologies, mon dynamisme lors des entretiens ainsi que mon aisance en communication.
Pour la petite histoire, la personne du recrutement m’avait trouvée car nous avions un contact en commun sur LinkedIn, contact basé… en Inde, où j’ai effectué mon stage de BTS. Mon ami là-bas montait à l’époque un cabinet de recrutement et avait donc dans son réseau les services RH des gros noms de la Tech. De l’importance de maintenir d’excellentes relations avec son réseau…
Les 3 grands enseignements de ces 6 années chez Google ?
- #1 : Le premier enseignement est d’ordre développement personnel. Durant mes 6 années chez Google, j’ai énormément évolué en tant que personne. J’ai rejoint l’entreprise en tant que jeune diplômée, j’en suis ressortie femme indépendante. Il a donc fallu que je développe de nouvelles compétences, dont l’écoute active et l’intelligence émotionnelle.
- #2 : Le deuxième enseignement est d’ordre professionnel : travailler de façon indépendante requiert énormément de “soft skills” qui ne sont pas enseignées à l’école. Je les ai toutes apprises chez Google : la gestion d’équipes commerciales m’a appris à mieux appréhender mes clients, travailler dans un environnement multiculturel m’a appris à apprécier les différentes façons de travailler inhérentes à chaque pays, et enfin travailler dans un environnement avec un rythme soutenu m’a appris à m’adapter rapidement au changement.
- #3 : Mon dernier enseignement est d’ordre créatif : Google est une des rares entreprises qui arrive à maintenir sa domination technologique, quelle que soit l’industrie ou le problème qu’elle cherche à résoudre. Pour maintenir cette position, une culture de l’innovation existe à tous les niveaux. Que ce soit les lancements de produits imparfaits à grande échelle, qu’on améliore avec le temps et les retours des utilisateurs, ou les initiatives personnelles originales (“tu demanderas pardon ensuite”). Cette culture m’a démontré que le moment parfait pour (se) lancer n’existait pas, il fallait juste foncer.
Quelles étaient tes peurs en quittant Google pour l’indépendance et comment les as-tu dépassées ?
Je pense que la peur numéro 1 est celle de l’inconnu. Passer d’un environnement confortable, avec un salaire fixe et d’innombrables avantages, à un environnement où tu dois tout construire seul fait peur, bien entendu.
Peur de l’échec financier et se retrouver sans le sou, peur de l’échec personnel et perdre la face, peur de l’échec social et ne plus être entourée. Autant dire, des peurs très très irrationnelles, basées non pas sur des faits mais uniquement sur de l’émotionnel.
Pour les surmonter, j’ai envisagé le pire scénario : retourner vivre en France, chez ma maman, dans ma chambre d’adolescente, et devenir équipière chez McDonalds pour repartir de zéro. Puis j’ai visualisé le meilleur scénario : devenir consultante indépendante, travailler uniquement avec les clients / projets que je choisis, gérer ma charge de travail, voyager quand je veux sans contrainte.
Quand même le pire scénario n’est pas si effrayant que ça, et que le meilleur scénario te fait sentir que tu es la reine du monde, tu fonces sans trop te poser de questions.
La question qui turlupine tous les indépendants : comment as-tu fixé tes tarifs ?
J’ai suivi une méthode assez mathématique (la Googler en moi). J’ai pris mon dernier salaire net mensuel chez Google, divisé par 10 jours de travail effectif (les 10 autres jours sont dédiées à la prospection commerciale, au suivi client et à l’administratif) et ajouté 25% pour prendre en compte les charges liées au statut indépendant. Cela m’a donné un tarif jour (TJ). J’ai ensuite comparé ce TJ au baromètre des tarifs des Consultants webmarketing sur Malt.
Je suis au-dessus du TJ moyen en France cependant mon parcours professionnel et donc mes compétences métiers et soft skills justifient amplement le TJ que je me suis fixée.
A quoi ressemble une journée type pour toi ?
Il n’y a pas de journée type dans le sens où selon la période, les projets seront différents. Cependant, j’ai essayé de créer une structure afin de ne pas être distraite.
- Après le petit déjeuner et une session de yoga, place aux emails : de 1h à 1H30 dédiée à répondre aux emails de la veille, relancer certains sujets, proposer des rendez-vous, etc…
- Ensuite, consultation des outils et des indicateurs clés : performance des contenus, performance des campagnes publicitaires, positionnement des sites, ajustements si nécessaire et rédaction de rapports de performance.
- Pause déjeuner, d’une heure pour bien déconnecter. Je me rends ensuite dans un café ou dans un café coworking pour attaquer les tâches de fonds selon la période : création de plans de communications et budgétisation, développement de sites internet ou de pages de destination, mise en ligne de campagnes publicitaires, conceptions graphiques, rédaction de propositions commerciales, création de calendriers de contenus…
- J’essaie de finir avant 17h pour dédier ensuite 1h à répondre aux derniers emails de la journée, faire de la veille marketing ou suivre des formations.
- Place ensuite au sport ou à une promenade, essentiel pour libérer le cerveau avant de rentrer à la maison ! Je suis assez stricte avec moi-même (autre enseignement de Google) dans le sens où je ne consulte pas mes emails, ni ne prends d’appels clients après une certaine heure, en général 18h30-19h sauf exception.
Parmi tes projets annexes, il y a la question de l’entrepreneuriat féminin. Pourquoi cette question est importante pour toi ?
J’ai évolué dans ma carrière dans des environnements très masculins : le commercial, la tech, l’entrepreneuriat. Même chez Google, qui fait pourtant énormément d’efforts pour parvenir à l’égalité, seuls 26% des postes d’encadrement sont occupés par des femmes ! Etant une femme dans ces environnements, j’avais du mal à comprendre pourquoi cette sous-représentation, et à vrai dire je ne m’étais jamais vraiment posé la question.
Lorsque j’ai commencé à entreprendre à mon échelle, beaucoup de mes amies ou anciennes collègues qualifiaient mon entreprise de “courageuse”, “brave”, “inspirante” . Mes amis entrepreneurs ou anciens collègues eux me souhaitaient “bonne chance”, me disaient que “j’allais m’éclater” , que ça allait être “une belle expérience”.
Une telle différence de vocabulaire m’a permis de me rendre compte d’une chose : ce ne sont pas que les femmes ne veulent pas entreprendre, ce n’est pas qu’elles n’ont pas les compétences, c’est qu’elles manquent de confiance en elles. Elles envisagent tous les scenarii pour lesquels le projet ne marcherait pas, plutôt que d’envisager celui où il marcherait ! Elles ont aussi peur de lancer un projet imparfait, peur du regard des autres, etc…
Je me suis alors dit que si je pouvais être une figure de plus pour inspirer plus de femmes à se lancer, il était de mon devoir de le faire. J’ai commencé par animer des ateliers autour de l’entrepreneuriat féminin dans la Tech, comme par exemple chez Trivago à Düsseldorf ou à mentorer des projets féminins à Barcelone. J’aimerais formaliser ces ateliers et créer un incubateur en ligne, qui propose de passer de l’idée à la réalisation du projet en 8 semaines, en fournissant une méthodologie et des outils concrets pour se lancer.
Quels conseils donnerais-tu à un.e futur.e consultant.e indépendante ?
J’en donnerais principalement 2 liés à l’activité :
- Avoir des objectifs financiers et s’organiser pour les atteindre
- Participer à un maximum d’événements pour enrichir son réseau
Aujourd’hui si je vis de mon activité indépendante, c’est parce que j’ai construit un business plan avec des objectifs chiffrés, que j’ai mis en place des actions concrètes pour les atteindre et que je me rends visible en participant à des événements et en animant des ateliers. Cette visibilité permet de construire ma crédibilité, me positionner en experte, et de générer du lead entrant.
Le dernier conseil, qui m’a été transmis par un ami entrepreneur (poke Kévin), est de ne pas travailler le weekend ! Il est très très tentant lorsqu’on est responsable de son activité d’y consacrer chaque instant éveillé mais c’est une erreur qui peut mener à l’épuisement mental et donc serait contre-productif.
L’habituelle question de fin : quels sont tes conseils pour entreprendre heureux ?
Entreprendre heureux pour moi, c’est me lever chaque matin avec le sourire et me coucher accomplie.
Mon conseil pour entreprendre heureux est donc de tout mettre en oeuvre pour y arriver, c’est à dire :
- Ne travailler que sur des projets que je choisis (quitte à “virer” un client)
- Gérer mon temps pour équilibrer épanouissements professionnel et personnel.
Mon environnement de travail est également important, étant une passionnée d’art et de design, et de cafés de spécialités, j’aime visiter des cafés tendances pour y travailler, je joins ainsi l’utile à l’agréable. Bien sûr chaque individu est différent, et il s’agit de trouver la formule qui marche pour chacun pour se sentir bien au quotidien.
Enfin dernier conseil, comprendre qu’un échec est une leçon, et non pas une fin. Ne pas remporter un contrat, recevoir une critique défavorable sur un article, sont autant de leçons qu’il faut retenir pour améliorer les prestations suivantes.
Je remercie grandement Ahlem pour son temps et son implication. Tu peux la retrouver sur Facebook, LinkedIn ou Twitter. Tu peux aussi lui poser tes questions en commentaires, juste là-dessous !
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