Beaucoup d’accompagnants sont concernés par le syndrome du Sauveur. A quoi ça ressemble quand on accompagne et comment ça impacte les bénéficiaires ?
Les épisodes GDA (Galères d’Accompagnants) sont des épisodes hors-série à destination de tous les professionnels de l’accompagnement (coach, thérapeute, consultant, formateur, etc) qui veulent perfectionner leur posture. Les sujets sont inspirés des difficultés rencontrés par mes élèves du programme Apprendre à Être Accompagnant·e pour être le plus proche possible du terrain.
Le podcast est entièrement retranscrit à l’écrit sous le lecteur.
Liens mentionnés pendant l’épisode :
👉 Découvre le programme Apprendre à être Accompagnant·e : https://biendanstaboite.fr/programme-posture-d-accompagnant/
👉 Réserve ton appel découverte gratuit : https://calendly.com/laurabesson
👉 L’épisode sur le triangle de Karpman : https://podcast.ausha.co/bien-dans-ta-boite/debug-13-le-triangle-dramatique-de-karpman
👉 L’épisode le Sauveur et l’Argent : https://podcast.ausha.co/bien-dans-ta-boite/debug-33-le-sauveur-et-l-argent
Tous les GDA :
👉 Mon client ne sait pas ce qu’il veut
👉 J’ai peur des émotions de mon client/patient
👉 Je n’ai pas su quoi répondre à mon client/patient
👉 Je ne sais pas vers qui ré-orienter
👉 Mon client vit une situation difficile
👉 Gérer un client ambivalent
👉 Le danger d’un accompagnement qui dure
👉 Je me perds dans mes relances
👉 Comment cerner le problème de fond du bénéficiaire ?
👉 Comment choisir le bon outil pour son client/patient ?
👉 Gérer ses projections quand on est accompagnant
👉 Travailler sur soi quand on est accompagnant
👉 Rendre autonome et responsable son bénéficiaire
👉 3 conseils pour bien ré-orienter
👉 Comment structurer sa séance ?
Retranscription
Aujourd’hui, on va se faire un petit focus sur ce rôle du sauveur excessivement fréquent – n’est ce pas ? – chez les professionnel(le)s de l’accompagnement. Ce qui paraît extrêmement logique mais, mais, mais… Ne tirons pas de conclusion hâtive : tous les accompagnant(e)s n’ont pas des positions de prédilection de sauveur !
Donc je me permet de refaire une petite parenthèse pour dire que :
- On parle là bien de rôle de sauveur, de rôle de persécuteur, de rôle de victime et on ne parle certainement pas d’une personnalité ou d’une identité. Ceux sont des rôles de prédilection que vous avez appris pendant votre enfance pour X et Y raisons que je ne vais pas répéter ici, qui vous ont permis de survivre mais ceux sont bien des rôles. Ce qui implique que :
- Avoir un rôle de sauveur ne veut pas dire que vous êtes un sauveur.
- Bien entendu : vous utilisez les 3 positions de Karpman, vous n’êtes pas 100% des sauveurs, 100% des persécuteurs ou 100% des victimes. Vous utilisez les 3, en tout cas, tant que vous êtes dans un jeu psychologique mais vous pouvez avoir une place de “prédilection” à aller choisir plutôt de manière préférentielle la position du sauveur, admettons.
Donc, tous les accompagnants et accompagnantes n’ont pas des positions de prédilection de sauveur. Quoiqu’il en soit, ça veut dire qu’ils ne les utilisent pas 100% du temps et vous avez plein de professionnels de l’accompagnement qui ont des positions de prédilection de persécuteur.
Alors ça j’insiste, parce que ça peut paraître un petit peu étonnant et qu’il y a pas mal de professionnels de l’accompagnement, notamment dans les formations, j’ai quand même fais passer 5 promotions maintenant sur cette formation, donc je commence à avoir un petit peu l’habitude, que des fois ça tique un petit peu… “Comment c’est possible ?”
Exemple :
Les accompagnants et accompagnantes parmi vous qui ont tendance à dire :
- “moi je préfère secouer les bénéficiaires un bon coup comme ça ils se bougent un peu”
- ceux qui ont tendance à dire que “la critique ça fait avancer” …
- Welcome !
Je suis ravie de vous dire que ceux sont des positions de prédilection de persécuteur. Le mot persécuteur fait un peu peur (rires) “c’est pas très joli”, on a l’impression que vous êtes une personne épouvantable, mais ce n’est pas ça.
Le persécuteur est celui qui confond la puissance avec la violence, qui exprime son amour par la critique et qui part du principe que ce qui va aider l’autre c’est de le critiquer, de le secouer. C’est de lui mettre un bon coup de pied aux fesses, si je peux dire ça comme ça.
Donc il y a, bien sûr, des professionnel·les de l’accompagnement qui ont des positions de prédilection plutôt de persécuteur. Ca c’était juste pour éviter qu’on fasse un petit peu des conclusions hâtives de psy de comptoir en disant “bah oui forcément que les accompagnants sont des sauveurs”. Non pas nécessairement. Mais effectivement, il y a beaucoup de professionnel(le)s de l’accompagnement qui ont des positions de prédilection de sauveur.
Encore une fois, aucun de ces 3 rôles n’est mieux que l’autre. Par définition, chacun de ces rôles génère des jeux psychologiques donc par définition, chacun de ses rôles ne permet pas à votre bénéficiaire de développer une position d’adulte au sens autonome et responsable, comme on l’a vu dans les GDA précédents.
Donc, quoiqu’il en soit, que vous ayez des positions de prédilection de sauveur, de persécuteur ou de victime, j’ai presque envie de dire “même combat” ou “faire du même à l’envers” et quoiqu’il en soit, ça entretient des jeux psychologiques et ça ne permet pas à vos bénéficiaires de développer de l’autonomie et de la responsabilité.
Donc quoiqu’il en soit c’est un problème.
Je le précise aussi parce le sauveur a tendance à se vêtir aussi d’une forme de vertu sociale , c’est une position sociale beaucoup plus valorisée et valorisante que d’être dans des rôles de persécuteur ou de victime. Et donc attention, c’est peut être valorisé socialement mais ça n’empêche pas que ce n’est pas votre place d’accompagnant(e) et que ça n’aide en rien vos bénéficiaires.
Alors concrètement, si vous êtes professionnel(le) de l’accompagnement et que vous jouez souvent au sauveur avec vos bénéficiaires, vous les envoyez quasiment, de facto, dans des positions victimaires. Et donc forcément, ceux sont des bénéficiaires, qui à la longue, seront déresponsabilisés, passifs et en recherche constante d’approbation. J’en ai déjà parlé dans des GDA précédents ; vous allez vous retrouver avec des problématiques du type de ne pas faire le travail inter-séance, d’arriver en retard aux séances, ils vont passer leur temps à râler sur ce qu’il se passe dehors, ils vont se plaindre de leurs parents, de leur boulot, ils vont se plaindre de tout ce qu’il se passe dehors mais eux ils ne vont pas agir, intérioriser… Bref ils sont dans des positions victimaires avec des phénomènes d’impuissance.
Liste non exhaustive mais quand même assez large de ce qui peut vous mettre sur la piste de “hum hum dis donc, est ce que je serai pas dans une position de sauveur?”.
Si tu es professionnel(le) de l’accompagnement très souvent dans une position de sauveur, tu peux te reconnaître dans :
– La difficulté à tenir le timing des séances :
Les sauveurs veulent racheter de la dette, c’est une position qui a appris à faire, c’est une position qui se sent endettée, qui cherche à racheter une faute et qui du coup a tendance à donner beaucoup pour racheter une prétendue faute, généralement qui, bien entendu, s’est construite pendant l’enfance. Donc on va donner plus de temps par exemple. Souvent le timing et encore une fois : pas de conclusion hâtive, un timing qui dure en séance ce n’est pas toujours des positions de sauveur, ça peut venir parler d’une angoisse de séparation, d’une angoisse d’abandon, d’une angoisse d’être remplacé(e) par le bénéficiaire suivant, ça peut parler d’une difficulté d’empathie étonnamment, parce que si à la fin de la séance il y a un déversage émotionnel de mon bénéficiaire, peut-être que je bascule en sympathie, je quitte ma posture d’empathie donc je me fais envahir par l’émotionnel du bénéficiaire.
Donc là aussi, qui dit timing à rallonge, ne dit pas forcément sauveur et sauveur ne dit pas forcément timing à rallonge. Mais c’est vrai que c’est un lien que l’on voit souvent.
La difficulté à assumer ses prix / accepter de les négocier, les baisser :
Évidemment, dans le même fonctionnement que l’histoire de la dette, je peux te renvoyer à l’épisode sur le sauveur et l’argent. Vouloir toujours en donner plus à ton bénéficiaire de manière générale : plus de temps, plus de conseils, plus de ressources, plus de PDF inter-séance, des méditations, des audios… bref tu as compris l’idée
Se rendre disponible :
constamment en inter-séance, répondre à toutes les sollicitations par e-mail, par message, les réseaux sociaux etc… en inter-séance, la disponibilité est un marqueur très très fort de la position du sauveur.
Avoir besoin de la reconnaissance :
Bien entendu, qui est le bénéfice secondaire principal de la position du sauveur. Avoir besoin de la reconnaissance explicite ou implicite des bénéficiaires.
Se rendre indispensable :
au bénéficiaire ou trouver un sentiment agréable dans le fait de se sentir indispensable et/ou utile au bénéficiaire.
Le sentiment d’impuissance :
Bien entendu, vis-à-vis de certaines des problématiques des bénéficiaires.
Se sentir sur-responsable :
de leur vécu et donc vouloir avoir réponse à tout ou vouloir avoir toujours un outil sous la main ou vouloir avoir toujours une solution à proposer au bénéficiaire.
Avoir le sentiment de devoir être sur tous les fronts :
et d’avoir trop de choses à penser, trop de choses à faire peuvent aussi être marqueurs de cette position.
Difficultés à se reposer, à s’arrêter, à être soi-même :
Ca c’est vraiment une phrase qui va laisser un sauveur un peu perplexe, qui peut très bien la comprendre intellectuellement le “sois toi-même” mais émotionnellement il ne va pas vraiment comprendre de quoi ça parle.
Difficultés marketing :
Difficultés à trouver une identité propre, difficultés à faire un choix de la cible, à identifier qui on est, qui est l’entreprise etc… Encore une fois, tout ça ne veut pas dire que vous êtes en position de sauveur mais tout accumulé peut quand même vous y faire penser.
Avoir souvent des bénéficiaires en position victimaire :
cela peut également être un signe que “ah si ils sont en position victimaire, c’est que moi je suis nécessairement de l’autre côté : peut-être un persécuteur ? peut-être un sauveur ?”
Craindre par dessus tout les positions de persécuteurs :
Chez les bénéficiaires et les relations en général, puisque le persécuteur par définition, est la posture que les sauveurs craignent par dessus tout , puisque par définition c’est la position qui ne leur apportera pas leur besoin de reconnaissance Donc tu vois, au début, je te disais que les persécuteurs, eux, sont des positions qui ont appris à confondre la puissance avec la violence. Les sauveurs, eux clairement, ont appris à confondre être indispensable et être aimé. Donc ils sont dans des besoins de reconnaissance très importants et c’est des choses que l’on va retrouver dans les séances avec les bénéficiaires.
La question de la position du sauveur ou du persécuteur ou de la victime, sont des rôles que j’ai appris pour valider mes constructions du monde, que j’ai elles-mêmes construites sur des besoins lésés enfant. Donc ce sont des stratégies que nous mettons en place, que nous avons appris, qu’on nous a appris à mettre en place il y a bien longtemps, parce que j’imagine que la majorité d’entre vous, ont au moins 25 ans, j’imagine. Et pour une grande grande majorité, vous en avez plutôt, peut-être, autour des 35 ans, et certains plus que ça bien entendu, mais ce que je veux dire derrière ça c’est que au grand minimum , ça fait 20 ans que ces stratégies là sont en place chez vous, et pour la majorité d’entre vous ça fait 30-40 ans qu’elles sont en place.
Donc il va sans dire qu’elles sont inscrites dans un ensemble de systèmes qu’il est quand même assez difficile d’aller faire bouger par soi-même puisque nous sommes “soi-même” dans le système, par définition.
👉 Si ca te parle et que tu veux progresser sur ces sujets, ça tombe bien, j’ai une solution à te proposer 🙃
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Oui, je sais, ça paraît loin mais il y a déjà des places de réservées.
1️⃣ Pour se sentir plus confiant et serein en séance (en clair : je n’ai pas besoin de préparer 2h ma séance, je ne rumine pas pendant 4 jours après une erreur ou un doute, je ne reste pas sans réponse, je ne stresse pas parce que je sais que je saurai réagir quoi qu’on m’emmène)
2️⃣ Acquérir une lecture plus globale et profonde des problématiques (en clair : faire passer tes accompagnements à un autre niveau et te démarquer)
3️⃣ Te sentir plus légitime (en clair : maîtriser la théorie, la pratique, la posture et apporter une réponse adaptée au bénéficiaire)
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