Prendre soin de soi, c’est important, indispensable et nécessaire. MAIS ! Aujourd’hui, j’avais envie de vous écrire l’article du jour sur la question de l’individualisme du développement personnel (et de l’individualisme ambiant tout court d’ailleurs)
C’est aussi le prisme à travers lequel la psychologie dite moderne s’est nimbée de ses concepts ;
Et qui, me semble-t-il, apporte son lot de comportements délétères 👇
#1 : Les injonctions individualistes
Franchement, si vous faîtes une insomnie ces prochains jours, ne comptez pas les moutons !
Comptez le nombre de « moi » dans les contenus développement personnel, ça va occuper jusqu’à endormissement 😅
Nous sommes abreuvés, constamment, de :
- Je prends soin de moi
- Je suis ma priorité
- Je m’écoute
- Et je me fais passer en premier
Et évidemment, je ne vais pas vous dire de ne pas vous écouter ou prendre soin de vous.
Mais quand on n’entend/lit QUE ça, partout, tout le temps ;
Ca finit par auto-centrer complètement.
Non seulement, je crois que l’abnégation a aussi du bon (sans tomber dans le Sauveur ;))
👉 Et surtout, je pense que ces injonctions individualistes constantes nous empêchent 2 choses principales :
- Investir et cultiver des relations solides
- Investir des collectifs et/ou des luttes militantes
(Et si on commençait à voir pourquoi c’est bien utile ce discours individualiste ? 😬)
NB : Je tiens à rappeler, au demeurant, que prendre soin de soi c’est la BASE pour investir des relations et pour être disponible dans les luttes collectives. Qu’on ne se trompe pas sur mon message ! D’autant plus que le care (le soin), ça permet aussi d’oublier, de s’oublier et ça, mon Dieu, quel luxe !
NB 2 : Ce prisme individualiste a évidemment bien d’autres liens de cause à effet et bien d’autres conséquences, ne serait-ce que sur la manière dont on se définit soi-même. Vous ne définiriez pas de cette manière-là si vous aviez grandi dans un système collectiviste. Voir les travaux de psychologie sociale sur le sujet 👌
#2 : Comment penser les relations dans ce contexte ?
Alors évidemment, le premier point, puisque c’est un de mes sujets de spécialité, c’est la question relationnelle.
Difficile de penser à deux (ou +), pour deux (ou +) quand on n’a que des contenus qui parlent … pour un ! 😅
Et surtout, des contenus qui ne nous apprennent qu’à lire à travers un prisme individualiste.
Prenons un exemple :
- « Il faut être bien avec soi avant de construire un couple amoureux »
Injonction que l’on entend très souvent (qu’on n’entend pas pour l’amitié d’ailleurs, allez savoir pourquoi ?)
👉 Outre d’être culpabilisant et/ou de placer dans une forme de performance
👉 C’est surtout invisibiliser le fait que c’est le collectif qui nous construit.
C’est le relationnel qui nous fait.
Nous n’évoluons pas, nous ne grandissons pas sans la présence de l’Autre.
Alors, bien sûr, on peut panser ses blessures avec des amis, de la famille, des thérapeutes avant de recommencer une histoire d’amour.
Et des fois, c’est la nouvelle histoire d’amour qui se présente, qui s’impose, et qui soigne.
Autre exemple dans le domaine amical :
- Il faut éliminer les personnes « toxiques » de ta vie pour pouvoir évoluer
Mais ? Quel ami se comporte ainsi ? 😂
☝️ Je ne parle pas, évidemment, de personnes violentes – de quelques manières que ce soit.
Mais votre ami qui sombre en dépression,
Et qui devient « polluant » pour votre ascension personnelle parce qu’il est tout le temps morose ;
Vous ne le laissez pas tomber, si ?
👉 Et n’ayons pas qu’une simple lecture morale de ce cas fictif ;
Vous ne le laissez pas tomber aussi parce que les relations fonctionnelles s’épanouissent dans un principe de réciprocité,
Que ce que vous faîtes/donnez vous sera rendu.
C’est comme ça que le tissu relationnel fonctionne (question d’endettement, toussatoussa)
Et c’est formidable !
Car ça nous rappelle, qu’en effet, seul, on ne fait pas grand chose et on n’est pas très heureux.

#3 : Penser collectif
Et enfin, à force de ne penser que par soi et pour soi ;
👉 On a de plus en plus de mal à investir des collectifs et des actions engagées.
Nous avons de moins en moins d’espaces collectifs où se retrouver ;
Je rencontre souvent plein de personnes qui ont envie de militer, de contribuer, d’une manière ou d’une autre mais qui ne savent pas vers qui se tourner, comment s’investir, comment ça fonctionne, etc.
Vous connaissez pour certain·es mon positionnement sur la question : je crois peu aux changements par les actions et opinions individuelles.
👉 J’ai un prisme systémique qui me fait vous dire : les individus doivent rejoindre des collectifs car ce sont les collectifs qui sont des leviers suffisamment puissants pour engendrer des changements.
(Ce qui ne signifie pas que l’individuel n’existe pas, bien sûr, mais les individus ont du poids quand ils se réunissent entre eux)
☝️ En ce sens, beaucoup d’outils appris individuellement seront utiles en collectivité(exemple parmi tant d’autres : l’analyse transactionnelle que l’on travaille ensemble en coaching ou en formation posture pour pouvoir ensuite communiquer, s’affirmer, leader, gérer des conflits, etc)
👉 Sartre disait « L’enfer, c’est les Autres »
Et bien moi je dis :
L’Enfer, c’est de ne penser qu’à soi et de ne vivre que pour soi.
Photo de couverture : Photo de Arun Anoop sur Unsplash