S’il y a bien une constante chez les entrepreneurs, c’est la Liberté.
Sur toutes les pages à propos, tous les exercices sur les valeurs.
C’est le cas pour moi aussi d’ailleurs !
MAIS (oui, fallait bien que je vienne faire le contre-Ariane 😬)
« Liberté », c’est pratique, parce que ça veut dire beaucoup de choses.
Le meilleur comme le pire.
Aujourd’hui, promis, on ne va pas faire de philo.
On va faire de la politique 👀
👉 Car gangrène chez les entrepreneurs une vision toute singulière de la Liberté et mon objectif ce matin, c’est de vous filer les armes pour avoir une vision critique là-dessus.
Bienvenue dans le doux et chaleureux monde d’Elon Musk -entre autre- ;
Bienvenue dans le monde des Libertariens 👀
#1 : Que défendent les Libertariens ?
Le libertarianisme s’inscrit dans la filiation libérale et est donc très lié au capitalisme.
On pourrait le résumer en une phrase pour que tu aies l’essentiel :
« Fais ce que tu veux avec ce que tu as »
L’idée socle est la suivante :
- L’individu est absolu propriétaire de lui-même. Il est donc aussi propriétaire de ses talents, de ses compétences, de ses capacités physiques et mentales. Ainsi, tout ce qui est produit grâce à ça lui appartient.
- Forte notion de propriété privée
- L’individu a le droit absolu de faire ce qu’il veut de lui-même, rien ne doit l’en empêcher (tant qu’il n’entrave pas la liberté d’autrui)
- NB : La définition de ces limites ne les mettent pas tous d’accord, loin de là.
☝️ Ils défendent donc la nécessité d’un Etat minimal, ils s’étiquettent donc parfois comme anarchistes.
☝️ Etat minimal limité à ses fonctions régaliennes et notamment, à ses fonctions de Défense (comme la Police)
Attention : Ne les confondez pas avec les courants libertaires ! Certains traits anarchistes peuvent y faire penser -on en parle après- mais les libertaires sont anti-capitalistes 🙃
#2 : Quel rapport avec l’entrepreneuriat ?
Comme c’est une vision libérale et capitaliste, pas étonnant qu’on la retrouve chez les entrepreneurs.
C’est même un discours florissant chez les entrepreneurs, notamment les « gros »
👉 Discours qui démarre à un extrême du continuum par des phrases banalement méritocratiques :
- « Quand on veut, on peut »
- « Tout ne tient qu’à toi »
- Bla-bla-bullshit (j’ai fait 2 épisodes de podcast sur le sujet ici et là)
Et qui peut terminer à l’autre extrême par une pensée libertarienne :
- « L’impôt c’est du vol » (puisque c’est l’Etat qui se sert sur mon travail produit avec mes compétences)
- « L’impôt sur le revenu c’est du travail forcé » (même argument)
- Là-aussi, il me paraît important d’interrompre mon fil pour vous faire souligner une chose : dans les doctrines de philosophie politique, nous pouvons -parfois- partager des racines communes ou des avis communs pour des raisons tout à fait différentes. Par exemple, dans certains courants opposés, on retrouve aussi une critique de l’impôt. Pas pour lutter contre la redistribution des richesses mais pour défendre par exemple un système à la cotisation. Ce point éclaircit, reprenons ;
- Ils sont donc contre la redistribution des richesses ; les pauvres doivent compter sur la charité individuelle des plus riches.
- Et ça inclut de fait, toutes les personnes qui ne peuvent pas travailler, pour une raison ou pour une autre.
Citons une de leur autrice, car elle a le mérité de la clarté :
« La malchance ne donne pas un droit à bénéficier du travail forcé d’autrui »
Ayn Rand
Sympa-sympa cette dame, donc.
C’est le fameux « Marche ou crève » poussé à son paroxysme.
#3 : Une vision ultra-individualiste, ultra-libérale, des entrepreneurs en roue libre
Bon, vous l’avez compris -et sans surprise- les Libertariens ;
C’est pas ma came 😂
J’affiche le parti pris de cet article, il n’a pas vraiment vocation à être objectif.
☝️ Il n’a pas vocation, pour autant, à vous convaincre que j’ai raison ;
Mais à vous permettre de pouvoir entendre dans des discours entrepreneuriaux la pensée Libertarienne.
Car, que vous soyez d’accord ou non avec cette ligne de pensée,
Certains entrepreneurs la promeuvent sans s’en rendre compte (ou sans se soucier) de tous les présupposés politiques qu’elle emmène avec elle.
- C’est une vision ultra-individualiste : je bosse par moi-même, pour moi-même.
- C’est une vision ultra-discrimante : si j’ai envie de discriminer à l’embauche, j’en ai le droit. Personne n’a à me dire qui j’embauche ou non, certainement pas l’Etat.
- C’est une vision ultra-libérale et ultra-capitaliste : si tu es capable de produire du capital et d’en tirer de quoi vivre, tant mieux pour toi. Sinon, je ne peux rien pour toi (j’ai déjà ma pomme à sauver)
👉 Cette vision d’une vie cruelle et que le travail est un petit gâteau à se partager – qu’il n’y en aura pas pour tout le monde, c’est stricto sensu la vision capitaliste du travail :
- Ressources rares
- Compétitivé pour obtenir les ressources
- Répression pour les garder
- La notion de travail est confondue avec la notion d’emploi
- Ne sont donc considérés travailleur·ses que ceux qui produisent du capital
- Donc déso pas déso parmi vous les parents, les pères/mères au foyer, les chômeurs, les retraités, les malades, vous, vous êtes « les charges » 🙃
👉 Je vais conclure cet article avec 2 points :
1️⃣ Méfiez-vous donc des discours de ces entrepreneurs qui vous prônent la Liberté tout le temps et comme valeur suprême au-dessus de toutes les autres. On en connait un autre qui a placé la Liberté au-dessus de tout et qui a donné son nom à cette vision politique : on appelle ça le Trumpisme. No comment.
« La guerre civile contre l’égalité au nom de la « liberté » est sans conteste l’une des principales faces du néolibéralisme actuel considéré sous l’angle de la stratégie. »
Le choix de la guerre civile ; Pierre Sauvêtre, Haud Guéguen, Pierre Dardot, Christian Laval
2️⃣ La vision capitaliste du travail que j’ai rappelé juste au-dessus a besoin de justifier à ces travailleurs qu’il faudra se battre pour trouver du travail. Ainsi, la vision capitaliste du travail n’a pas tendance à alimenter le racisme ; la vision capitaliste du travail a BESOIN d’une brique raciste en-dessous d’elle pour tenir. Je vous invite à vous plonger dans le travail de Bernard Friot à ce sujet, par exemple.