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Laurence : la réalité d’une maman-entrepreneure

13 minutes de lecture

Aujourd’hui, tu vas pouvoir découvrir le parcours, le quotidien et les conseils de Laurence, graphiste indépendante et … maman-entrepreneure ! Dans cette interview passionnante, elle nous parle de sa réalité de maman-entrepreneure. Au menu : son quotidien, ses conseils pour concilier entrepreneuriat et maternité, comment ces deux entités se servent mutuellement, en toute bienveillance et douceur, comme à son habitude !

Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?

Je suis graphiste indépendante depuis 2017. J’accompagne les entrepreneurs qui mettent du sens dans leurs actions pour faire rayonner leur différence. Pour y parvenir, je les accompagne aussi sur le fond de leur activité pour pouvoir ensuite mettre en forme une identité visuelle et un site web alignés avec la raison d’être de leur activité.

Avant de me lancer j’ai été graphiste salariée pendant 6 ans, d’abord dans l’horlogerie de Luxe à Genève, puis dans une PME du secteur de la mécatronique (confort de l’habitat connecté) à un poste hybride entre graphiste interne et agence qui m’a permis d’explorer toutes les facettes du métier.

Je suis devenue maman en 2015 et c’est en revenant de mon congé parental que j’ai compris qu’il était temps que je quitte le salariat et la subordination, et que je vole de mes propres ailes.

Aujourd’hui, tu mènes ta vie de famille à côté de ton travail freelance. Est-ce que tu estimes que ton statut de freelance te facilite la gestion de ta vie familiale ?

Oui tout à fait. En étant indépendante, j’ai la souplesse de pouvoir me rendre disponible pour ma famille ou à l’inverse de donner la priorité à mon travail en veillant à ce que ma vie de famille n’en pâtisse pas. C’est en partie pour trouver cet équilibre que j’ai voulu devenir indépendante. Car lorsque j’étais salariée, je travaillais 40h par semaine, je rentrais trop tard (à mon goût) et lessivée. Je n’avais plus d’énergie pour m’occuper de mon fils qui avait 9 mois à l’époque, puisque j’avais tout donné pendant la journée. Je revenais du boulot sur les nerfs et j’allais chercher mon fils à la crèche avec l’impression de passer à côté de l’essentiel. De son côté, mon mari était aussi salarié et il revenait du travail dans le même état.

maman entrepreneure

Aujourd’hui, je peux investir complètement mon rôle de maman, j’adapte mes horaires et mes déplacements. Je peux caler une ballade en forêt en plein milieu de journée ou travailler quand tout le monde dort et ça me va (bon je suis quand même plus du matin). J’ai même retrouvé du temps pour moi. Ça ne veut pas dire que c’est facile, il y a des hauts et des bas comme pour tous les freelances mais je ne subis plus, je suis souveraine de ma vie.

Un des effets inattendus de m’être mise à mon compte, c’est que mon mari incarne lui aussi beaucoup plus son rôle de père depuis que je suis à mon compte. Il me soulage et me soutient car il voit bien à quel point je m’investis tout en avançant sans filet, du coup il a pu prendre toute la mesure du rôle qu’il pouvait jouer dans la réussite de mon projet. Je ressens beaucoup de gratitude de l’avoir à mes côtés.

père et fils

Quelles sont les plus grosses difficultés que tu rencontres en tant que maman-entrepreneure ?

Je dirai que c’est de porter la responsabilité de garantir des revenus pour mon foyer tout en maintenant ma disponibilité et la qualité de vie que nous avons choisi avec mon mari. Un peu comme si j’étais le capitaine du navire, j’ai le devoir de tenir la barre quoi qu’il arrive, et je me mets beaucoup de pression, peut-être trop. Mais c’est aussi stimulant et épanouissant, car cela m’oblige à sortir de ma zone de confort, à faire preuve de créativité, à déconstruire des schémas bloquants et surtout à écouter mes propres besoins sans attendre d’être devant l’iceberg pour changer de cap ! Je pense que les difficultés que peuvent rencontrer les maman-entrepreneures dépendent aussi de leur tempérament et de leur histoire (sans parler des difficultés liées à la place des femmes dans notre société). L’entrepreneuriat nous montre nos fragilités pour mieux les explorer et nous permettre de les “transformer”.

Pour nous donner une idée concrète, à quoi ressemble une journée type dans ta vie de maman entrepreneure ?

Je me réveille à 7h, sans réveil puisque c’est mon fils qui nous rejoint dans notre lit chaque jour à la même heure 🙂  #ReveilCâlinEnDouceur. Nous déjeunons ensemble, et généralement il est déjà parti jouer dans sa chambre ou dehors lorsque je finis mon thé.

En moyenne je commence à travailler entre 8h30 et 9h jusqu’à midi, puis mes journées se terminent autour de 18h avec parfois une bonne pause autour de 16h pour le goûter. 

Notre fils passe la plupart de ses journées avec nous car nous avons choisi de faire l’instruction en famille afin de le laisser libre et autonome dans ses apprentissages. Donc si je veux être tranquille pour travailler, je m’isole là où il n’est pas ! Je suis plutôt nomade en fait. Il va aussi dans une école démocratique deux jours par semaine pour apprendre au contact des autres et créer des liens, du coup j’en profite pour caler mes RDV sur Lyon ces jours là, je m’installe dans les locaux de ma coopérative ou à la Cordée

Comme pour mon métier, je regarde les composantes de ma vie dans leur globalité pour savoir comment les connecter, comment les optimiser et créer des synergies. C’est très stimulant !

Avant cette interview, tu m’as dit que tu ne voulais pas choisir entre ton développement professionnel et ta famille. Toi qui a tenu le pari, que réponds-tu à celles et ceux qui pensent qu’on ne peut pas tout avoir ?

Je tiens d’abord à dire que vouloir les deux ne consiste pas à suivre une recette ou à essayer d’atteindre un idéal figé et absolu. Je pourrai donc leur répondre que la vie n’est pas aussi cloisonnée que l’on croit.

Devenir entrepreneure m’a appris à déconstruire des a priori et à expérimenter par moi-même pour aller vers ce qu’il y a d’essentiel pour moi. Une fois que l’on a compris que tout est lié et que nous avons un pouvoir d’action, alors les principales compétences à développer sont l’écoute pour savoir rester ouvert à ce qui se passe autour de soi et en soi, puis la capacité à remettre les choses en question pour pouvoir agir en accord avec ce qui est essentiel pour soi et la souplesse pour que tout ça puisse fonctionner ensemble sans qu’on y laisse des plumes et sans se renier. 

Oui c’est possible, on peut tout avoir si on choisit ce qu’il y a d’essentiel pour soi. C’est un travail d’équilibriste. Faites votre propre expérience :-).

Existe-t-il malgré tout des moments où tu as l’impression de faire des concessions ? Côté famille ou côté entrepreneuriat ?

Oui bien sûr ! Cette année, avec mon mari, nous avons ressenti un grand besoin de nous alléger, alors nous avons quitté notre triplex pour habiter dans une Tiny House et nous rapprocher de la nature. Ce choix de vie minimaliste fait que je n’ai plus de bureau. C’est une concession qui ne m’a pas demandé beaucoup d’efforts mais qui peut être contraignante parfois.

laurence hubert

J’ai de moins en moins la sensation de faire des concessions, car en développant ma posture entrepreneuriale j’ai appris à gérer les situations en mode « gagnant-gagnant ». Je vois plutôt des solutions alternatives qui ne sont ni meilleures, ni moins bien, mais que je suis prête à choisir pour avancer vers ce qui me semble essentiel pour mon épanouissement et celui de ma famille.

Tu m’as également dit que ces deux casquettes se nourrissaient l’une et l’autre. Estimes-tu que tu es meilleure entrepreneure depuis que tu es maman ? (Et pourquoi pas, réciproquement)

Alors justement, c’est plutôt en devenant maman que j’ai pu devenir entrepreneure.

Je n’en avais pas conscience à l’époque mais en devenant mère, j’ai répondu par la même occasion à un profond besoin de prendre ma vie en main, de prendre des responsabilités et c’est ce qu’il me manquait lorsque j’étais subordonnée.

Le premier choix révélateur de ce besoin a été de prendre en main mon accouchement qui s’est déroulé à la maison accompagné par ma sage-femme. Depuis, mon fils est ma source d’inspiration. Je l’ai vu apprendre à marcher seul, à parler seul, je le vois tester, se tromper, essayer autre chose, atteindre son but en détournant des objets, en allant chercher des ressources dans des domaines inattendus, il m’a ré-appris la légèreté, à m’amuser, c’est lui mon mentor ! 

laurence hubert fils

Réciproquement, en apprenant à poser un cadre pour mes clients, j’ai appris à poser un cadre pour mon fils, non seulement à dire non mais aussi proposer des alternatives pour répondre à leurs besoins autant qu’aux miens.

En fait pour moi vivre pleinement, c’est entreprendre (prendre en main) et je l’ai compris en devenant mère.

Quels conseils donnerais-tu aux futures mamans entrepreneures qui s’inquiètent de ne pas pouvoir tout gérer ?

Comme j’étais déjà maman en lançant mon activité, je n’ai pas vécu les contraintes de maintenir une activité tout en ayant un nouveau né. Mais je peux témoigner de l’expérience de mes premiers mois de jeune maman.

? Vous allez traverser une période de grands changements et vous allez apprendre un tas de nouvelles compétences. Si cela vous angoisse, la bonne nouvelle c’est que ce n’est que temporaire. Pour en tirer parti, écoutez d’abord votre rythme de futur / jeune maman et celui de votre bébé. Reposez-vous. Votre corps sera beaucoup sollicité les premiers temps et votre physiologie donnera la priorité à votre enfant et à votre rétablissement après l’accouchement. Embrassez cette réalité plutôt que de lutter contre car des milliers d’années d’évolution sont passées par là, ainsi vous ferez de votre corps un allié.

Si vous ne pouvez pas vous permettre de suspendre votre activité les premiers mois, faites le point sur le plus important et créez les aménagements qui vous permettront de ne pas vous épuiser (horaires, rdv en visioconférence, maintien de votre visibilité en ligne plutôt que de vous déplacer par exemple).

Dans tous les cas, ne restez pas seule, entourez-vous de votre famille et de vos proches pour vous soulager de certaines tâches de la vie quotidienne, ceci est encore plus valable pour les freelances ! Vous pouvez aussi vous entourer d’une sage-femme pour votre suivi post-accouchement (y compris pour le suivi de votre grossesse même si vous accouchez en maternité), elle saura vous écouter, vous soutenir et vous prescrire le nécessaire en cas de difficulté. Ses visites sont prises en charge à 100 % par l’Assurance Maladie

Le meilleur conseil que je puisse vous donner : faites-vous confiance !

Quelles « compétences » ou habitudes tu utilises au quotidien pour harmoniser tout ce beau monde ?

Tu l’auras compris l’écoute est omniprésente dans ma vie et elle est indispensable dans le choix d’éducation que nous avons fait pour notre fils. Alors au réveil, mon réflexe c’est de commencer par moi (comme pour le masque à oxygène dans l’avion) :

  • Quel est mon niveau d’énergie ?
  • Par quelle tâche est-ce que je me sens particulièrement inspirée aujourd’hui ?
  • Quelles sont les priorités ?
  • Est-ce que je peux répondre à ces priorités tout en faisant ce qui m’inspire ?

J’essaye de récolter les mêmes infos pour mon fils en l’observant ou en parlant avec lui. Ça me permet d’organiser ma journée en fonction. En cas de conflits j’utilise un super outil qui s’appelle “La roue des émotions” qui s’inspire de la CNV. Toute la famille l’a adoptée.

laurence hubert fils

Le matin, j’explique mon programme de la journée, si je suis sur des enjeux importants ou si au contraire c’est une journée cool pendant laquelle je peux me permettre de me poser un peu avec eux. Ensuite comme pour la plupart des parents, les rituels harmonisent aussi notre quotidien : moments en tête à tête avec maman, repas pris en famille, lecture du soir, pause musicale, jouer ensemble… Pour résumer, mon ingrédient secret c’est la communication.

L’habituelle question de fin : quels sont tes conseils pour entreprendre heureux ?

Faites ce qui vous fait vibrer, ce qui vous anime. Soyez vous-même car de toute façon c’est pour ça qu’on voudra travailler avec vous.

Entourez-vous de personnes que vous aimez et qui vous aiment, de personnes que vous admirez pour vous booster. Ecoutez votre corps et les signaux qu’il vous envoie, prenez-en soin en créant des rituels quotidiens qui vous font plaisir.

Un dernier conseil, prenez rendez-vous avec vous même pour vous offrir une journée rien qu’à vous, sans mails, sans clients, sans conjoint(e), sans enfants. Faites de la place pour du “rien” au moins une fois tous les 6 mois et laissez-vous surprendre.


Je remercie grandement Laurence pour son temps et son implication. Tu peux la retrouver sur Facebook, Linkedin ou Instagram. Tu peux aussi lui poser tes questions en commentaires, juste là-dessous !




Laura Besson

Laura Besson est la fondatrice de Bien dans ta Boite où elle accompagne les entrepreneurs à transformer leur quotidien et forme les entrepreneurs de l’accompagnement. Egalement hôte du podcast « Bien dans ta Boite », elle a accompagné plus de 300 entrepreneurs en coaching & thérapie afin qu’ils se transforment, co-construisent avec les Autres et changent le Monde. Convaincue de l’approche systémique et humaniste, Laura met un point d’honneur à accompagner chaque entrepreneur dans sa singularité et sa globalité.

Cet article a 11 commentaires

    1. Laura Besson

      Merci beaucoup Pascale pour votre lecture et votre commentaire 🙂

  1. Paul

    Excellent article !

  2. Erica

    Je vois parfaitement de quoi vous parlez ! En 2015, j’ai lancé mon e commerce de crème pour le corps. Au départ seulement pour mettre un peu de sous de coté. Habitant dans un appartement parisien, il était difficile de continuer ainsi lorsque mon entreprise a très rapidement pris de l’ampleur, j’ai fait appel à frederic mazzella fortune pour acheter mon local. J’ai par la même occasion déménager sur Poitiers. J’ai trouver une nourice à domicile qui s’occupait de mes jumeaux Camille et Clarisse que j’ai eu en 2017. Poitiers m’a permis de m’en sortir au niveau pro et familiale !C’est une ville magnifique ! Mon mari et moi avons un nouveau projet bébé mais nous avons un peu peur de revivre l’entrepreneuriat avec ma maternité.

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